La photographie serait-elle une écriture à orthographe non-linéaire, qui s’affranchit du temps ? La photographie serait-elle cette langue universelle offerte au monde, un cadeau qui nous permet de lier passé, présent et avenir, une perception du temps qui nous rassemble ?

Jaquette (maquette provisoire)
→ Du cinéma et de la photographie
La photographie et le cinéma sont les théâtres de nombreuses correspondances. Les plus grands films n’ont-ils pas le point commun d’avoir mis à l’honneur les plus grands chefs opérateurs qu’ait connu le 7e art ? Si l’image fixe a précédé l’image animée dans notre histoire, cette proximité est sans conteste une des clés d’entrée pour comprendre la démarche d’Alexandre d’Audiffret. Car si son travail au service des réalisateurs est empreint de son regard de photographe, ses photographies sont, en écho, des instants magiques volés à la beauté du monde, tels des tableaux extraits du film de nos inconscients.
Tel un électron libre qui voyagerait dans plusieurs espaces sensoriels, Alexandre d’Audiffret produit une photographie de la contemplation et de la sagesse où l’émotion trouve sa place pour surgir et nous happer.
Agencer ces images fixes au sein d’un livre est une autre manière de créer une narration, de donner à son travail une forme, un rythme, des séquences, comme on le ferait pour construire un film. Au-delà de l’addition d’images individuelles, il s’agit de mettre en scène un ensemble parfois complexe, avec la capacité de faire émerger un nouveau sens à ce qui apparaissait isolément.
→ Le livre, un jalon
Ce livre est aussi un premier livre, un premier jalon dans la carrière d’un photographe. Il est la manifestation d’un désir de montrer des images, de tendre un fil entre elles, de diffuser un regard, bref, de le rendre accessible à d’autres que soi en lui donnant une forme tangible, qui s’offre et se partage. Acte altruiste, il permet aussi de regarder derrière soi, de donner une forme au passé.
→ Le mot de l’auteur
« La photographie est un cheminement intérieur avant même d’être le témoignage d’un instant qui passe. Je considère la photographie avant tout comme une sorte de pratique zen, l’absence de Soi permettant la beauté de la relation. Je cherche ou plutôt j’ai l’impression de ressentir l’au-delà ou la nature derrière les choses. Je comprends alors profondément certaines tribus premières qui considèrent que la photographie peut voler l’âme. Je pense que l’âme des choses infuse très certainement la pellicule. Et c’est pour cela qu’une émotion peut naître en regardant une image. »
Alexandre d’Audiffret

Z – TENTE – CHINE 2014
→ La préface, de Frédéric Gros
« La disponibilité, c’est une synthèse rare d’abandon et d’activité. »
La photographie est-elle pour Alexandre d’Audiffret un prétexte pour aller marcher ? La marche est-elle plutôt un moyen pour se rendre disponible à la photographie ? Dans Marcher, une philosophie, Frédéric Gros convoque Nietzsche, Rimbaud, Rousseau, Thoreau, Nerval, Kant pour évoquer le pouvoir de la marche sur l’élaboration d’une pensée ou la naissance d’un plaisir esthétique. Dans un élan de liberté et un mouvement de déprise, « la marche seule parvient à nous libérer des illusions de l'indispensable ». Frédéric Gros nous rappelle que «la liberté en marchant, c’est de n’être personne, parce que le corps qui marche n’a pas d’histoire, juste un courant de vie immémoriale »..”
Tel un pèlerin, le photographe nous emporte avec lui dans ce voyage à travers ce qui pourrait être une nouvelle présence au monde, une autre lumière, de nouvelles couleurs. Cet élan, ce mouvement nous grandit, nous élève. Le marcheur se rend présent à une plénitude d’Être.
Éloge du dehors, de la lenteur, de la solitude pleine, de l’accueil des silences, les mots de Frédéric Gros feront écho à cette quête de disponibilité et de résonance, chères à Hartmut Rosa, qui s’offre à nous à travers les rêveries d’Alexandre d’Audiffret : « Toutes [s]es facultés sont spontanément d’accord pour jouer ensemble à mettre librement en forme le spectacle du monde ».
→ Le photographe
Alexandre d’Audiffret a 36 ans et déjà 20 ans de photographie et de cinéma derrière lui. Chef opérateur et cinéaste, il met son regard au service des campagnes de publicité de marques prestigieuses (Azzaro, Chaumet, Louis Vuitton, Armani, Dior, Swarovski, L’Oréal) et de la production de documentaires. Chef opérateur du photographe Éric Valli pendant 3 ans, avec lequel il sillonnera la Chine et rapportera de ce voyage une série d’images en noir & blanc dont certaines sont publiées dans l’ouvrage, il collaborera également sur certains tournages avec Peter Lindberg.
Sa pratique de la photographie est un temps accordé à la contemplation, au silence, loin de l’agitation du monde. Connecté aux éléments, disponible pour accueillir ce qui se livre à lui, il considère que l’image vient à lui plutôt qu’il ne la convoque en laissant toute la place aux émotions nées de cette présence au monde.
Sa recherche n’est pas sans rappeler les expériences de pleine conscience, les concepts de non-dualité ou les valeurs portées par le bouddhisme. Tel un esthète ou un poète du zen, il transmets à travers ses images cette force de vérité qui s’exprime quand l’individu réussit à tout abandonner : son ego, son ambition, son intellect, ses préoccupations. Cette sérénité, cette profondeur de l’âme, cette capacité à être « ici et maintenant », cet alignement entre l’âme et le corps, se manifestent avec une puissance infinie dans chacune de ses photographies. Le beau est là, sous nos yeux, accessible, éthéré, pure, juste, simple.
Ce dépouillement de l’image est un écho à l’expérience du dépouillement qui a été la sienne au fil des années, quand chaque couche superflue disparaît, quand on parvient à aller à l’essentiel. Quand il se connecte à ce qu’il contemple, l’image devient une évidence. L’absence de soi est une présence absolue à l’altérité.
Alexandre d’Audiffret est aussi musicien. Son travail prouve qu’avec la photographie il est parvenu à une sorte d’accord entre le monde extérieur et le monde intérieur.
“L’axe normal de la rêverie cosmique est celui le long duquel l’univers sensible est transformé en un univers de beauté.” → Gaston Bachelard
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S (50X50)
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Q (50X50)
→ Le livre : une entrée en quiétude
Dans cet ouvrage, raconter une histoire, relier des images, c’est s’immerger dans la beauté et se débarrasser du superflu. C’est conduire le lecteur dans les méandres d’une émotion qui naîtra d’une sensation de paix, de sérénité, de simplicité. Certaines images invitent à la rêverie, à l’imaginaire d’un monde onirique où les couleurs jaillissent au coeur d’une nuée cotonneuse de nuages ou d’une forme abstraite comme seule la Nature sait les engendrer.
D’autres, en noir & blanc, montrent des paysages de forêts ou de montagnes. Certaines nous entraînent à suivre une ligne d’horizon à l’infini ; cette ligne est parfois surprise par un monticule de végétation ou un cadre posé là presque par inadvertance.
La plupart sont dénuées de toute présence humaine mais de multiples formes de la vie, dans toutes leurs puissances, y sont partout célébrées : l’eau d’un lac bleuté où se dresse un roseau, l’air d’un vol d’oiseau, le feu d’une irruption de lumière dans la nuit étoilée, la terre brute d’une roche rougeoyante. Et puis, au milieu de tous ces paysages, émergent un visage, un animal, des silhouettes en marche. Quelques repères pour nous rappeler que les mondes se confondent, qu’ils sont indispensables les uns aux autres.
Notre cheminement au fil des pages produit de l’enchantement et de la plénitude. Dans un monde saturé d’images où tout va trop vite, il est important de savoir s’arrêter sur les images, respirer profondément, plonger en elles, fermer les yeux et se laisser porter, lentement, doucement, par ce qui monte.
Si l’on imagine le photographe seul au milieu de l’immensité du monde, c’est un monde empli de présences qui, au bout de ce long processus, attend le spectateur et se dévoile.
Travail éminemment personnel, ce premier livre est un voyage intérieur dans l’inconscient d’un artiste autant qu’un outil servant à en laisser une trace. Les images d’Alexandre d’Audiffret dépassent le cadre du simple enregistrement du réel même quand bien même ce dernier reste le terreau de la création. Qu’il en résulte des images mentales ou qu’elles proviennent de la magie d’une connexion parfaite entre l’oeil qui voit, la main qui déclenche, l’âme qui lâche prise et le coeur qui s’ouvre, l’image, quand elle est imprimée, devient une mémoire sensible et le livre un objet dont la portée peut atteindre l’universel en permettant d’accéder à un visible qui nous échappait jusqu’ici.
À l’heure où le monde contemporain semble sidéré par la montée de la violence, par le retour de la guerre, par des tensions fortes entre les puissances, les communautés, les individus, ce travail trouve une place dissonante mais indispensable dans la production photographique et éditoriale.
Se souvenir de la beauté du monde, consacrer son énergie vitale à en garder des traces, parvenir à transmettre une manière d’être présent intimement dans l’espace et le temps, c’est toute la pertinence de ces images qui s’offre à nous. « Il y a une rencontre entre la mémoire de chacun, individuelle, et la mémoire du monde, la mémoire collective », comme le souligne Daido Moriyama in Conversations, interrogé par Rémi Coignet (2014).
“Le photographe (…) peut partager l’émerveillement qui l’a saisi lorsqu’il se trouvait face à un paysan, une lumière, un moment qui ravissait son esprit. ” → Matthieu Ricard
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2/5 – DESERT – INDE 2009
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J (40×40) VIGNEMALE – FRANCE 2010
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R (50X50)
→ Le livre, un objet — Les mots de la directrice artistique, Marie Bondeelle
La jaquette de ce livre est une rencontre, le pli fait coïncider l'enfant s'élançant vers le ciel et l'envol de l'oiseau. Un geste encore et l'on plonge dans les profondeurs de l'eau… Sous le pliage, la couverture sobre est matière, tangible.
La mise en page invite à une déambulation à laquelle nous convie le photographe. Il accueille le monde tel qu'il se présente, dans son immensité et sa fragilité.
L'espace de la page accueille ces rencontres : le blanc disparaît devant l'espace infini, réinvestit l'espace pour souligner la fugacité d'un instant. En équilibre de part et d'autre, il met en regard les rencontres et fait converger les instants fortuits.
On ne hâte pas la rencontre, on se laisse guider, elle advient au fil des pages.
IMPRESSION ET FAÇONNAGE
40 photographIes
Format 24×33 cm – portrait
* 68 pages imprimées en 7+7 sur papier munken lynx ou polar 170g main de 1.13
* Gardes en papier Sirio (Caffé)
* Jaquette à l'américaine (pliages) format ouvert et dépliée 64 cm x 88 cm imprimée 7+7 sur papier Old Mill premium white 160g
* Cahiers de 8 pages avec coutures apparentes, reliure type Bodoni avec rogne des 3 côtés du bloc
* carton brut 20/10 en couverture avec marquage plats 1 & 4
→ → Tirages disponibles (selon les contreparties choisies) → →
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A (20×30)
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B (20×30)
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C (24×24)
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D (24×24)
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E (20×30)
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F (30×45)
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G (30×45)
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H (30×45)
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I (40×40)
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J (40×40) VIGNEMALE – FRANCE 2010
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K (30×45)
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L (40×60)
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M (40×60)
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N (40×60)
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O (40×60)
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P (50X50)
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Q (50X50)
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R (50X50)
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S (50X50)
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T (90×120)
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U (90×120)
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V (90×120)
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W (90×120)
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X (120×50)
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Y (120×50)
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Z (120×50)
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AA (100×100)
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AB (90×120)
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2/5 – DESERT – INDE 2009
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2/5 VARANASI- INDE 2009
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3/5 IQUIQUE – CHILI 2008
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